B-Coffin

   Le petit garçon sourit de toutes ses dents et sauta sur la banquette arrière de la voiture.

  -  Attache ta ceinture, Ezann ! fit une douce voix à l'avant.

  -  Oui maman ! obéit le garçonnet.

   Son père prit à son tour place dans le véhicule et ils démarrèrent. L'homme se tourna vers lui, radieux :

  -  Nous sommes vraiment fier de toi, fiston ! Tu es un vrai champion !

  -  Merci ! gloussa Ezann. C'était trop cool !  Et paf,  je réceptionne le ballon, et hop j'esquive les défenseurs et bam, direct dans la cage ! Buuuuuuuut !

   Le petit garçon leva les bras au ciel en criant de joie. Ses parents éclatèrent de rire.

  -  C'était le plus beau match de foot que je n'ai jamais vu ! la félicita sa mère.

   Il ricana de plaisir en sautillant sur son siège et se pencha en avant :

  -  Et si pour fêter ça on allait au restaurant ?

   Sa mère fit la moue.

  -  Oh, je ne sais pas mon chéri, Mlle Goreth devait passer à la maison et je lui avais promis que je...

  -  S'te plaît maman ! supplia le garçonnet. C'est pour ma victoire !

   Ses parents échangèrent un regard entendu.

  -  Bon, pourquoi pas... Après tout nous avons un champion à bord ! rigola-t-elle.

  -  Youpi !

   La voiture fit demi-tour et s'engagea sur la quatre-voies. Le soleil se reflétait sur sa carrosserie flamboyante, des cris de joie s'échappant des fenêtres ouvertes. Ezann jeta un coup d'œil dehors. Il se sentait profondément heureux. Il se pencha en avant pour parler lorsqu'un crissement de pneus déchira l'air.

  -  Attention !!!

   Trop tard. Déjà l'impact était là. La voiture plongea dans le ravin, faisant plusieurs tonneaux sur elle-même. Ezann poussa un hurlement de terreur. Tout autour de lui voltigeait sans qu'il n'arrive à identifier quoi que se soit. Sa ceinture lui mordait la peau, le brûlant. Il senti quelque chose lui frapper le front et un pique glacé lui perforer la cuisse. Il poussa un nouveau cri, de douleur cette fois. Sa vue se troubla sans que rien ne cesse de tournoyer. Et puis soudain, un nouveau choc. La voiture venait d'arrêter sa course contre un arbre.

   Le garçonnet ouvrit péniblement les yeux. Il voulut bouger mais ne put que gémir de douleur. Après maints efforts il réussit finalement à dégager sa main et se mit à tâtonner autour de lui à la recherche de quelque chose, n'importe quoi qui aurait pu lui indiquer la présence de ses parents. Il aurait voulu les appeler mais sa gorge lui semblait bloquée, sa voix enchaînée.

   Se fut alors que le bout de ses doigts rencontra quelque chose. Il fronça les sourcils et regarda sa main.

   Rouge.

   Du sang.

   Dans un tremblement il releva les yeux vers la banquette avant.