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   Un nuage de fumée. Irrespirable. Insupportable. Elle s'approche. L'Ombre noire. Parcourant les couloir, les pièces. Les moindres recoins. Elle s'arrête, elle observe. Tourne la tête. Ma direction. Dans ma direction. Elle passe. Elle s'éloigne. Elle ne m'a pas vu. Elle change de pièce. Elle change de couloir. L'air est étouffant. Oppressant. Les battements de mon cÅ“ur s'accélèrent. Ma respiration s'intensifie. Et si elle entendait ? Fort. C'est trop fort. Je rampe. Lentement. Je dois fuir, me cacher dans une pièce, fermer la porte, m'enfermer. Partir. Me cacher. Je me traine. J'avance. Où est-ce qu'elle est ? Elle m'a vu ? Où est-elle ? L'Ombre. Elle n'est plus là. L'air devient respirable. Supportable. Le nuage de fumée n'est plus là. Silence. Je me fige. Pourquoi tout est si silencieux ? Ce n'est pas normal. Il devrait y avoir du bruit. Un bruit. Plusieurs bruits. Même le parquet sous moi ne grince plus. Je n'entends plus ? Tension. J'entends mon cÅ“ur. Fort. Très fort. Trop fort. Beaucoup trop fort. Il va exploser ? Où est l'Ombre ? Ma respiration s'arrête. Tout devient flou. Mon cÅ“ur se serre. Je sens quelque chose dans mon dos. Le temps s'arrête. Tout s'arrête. Je n'entends plus mon cÅ“ur. Je n'entends plus rien. Il bat toujours ? Je me retourne brusquement. Rien. Juste... mon imagination. J'entends mon cÅ“ur. Un peu... trop peu... Mon corps tremble. J'avance encore. Lentement. Sans bruit. Putain. Le parquet. Il grince. Je l'entends. Je la cherche des yeux. L'Ombre n'est pas là. Pas dans cette pièce. Je dois changer de pièce. Le couloir. Je suis dans le couloir. Combien de temps j'ai mis à arriver dans le couloir ? Une éternité. Mon regard est partout. L'ombre n'est nul part. Elle est partie ? Je dois me cacher. Au cas où. Si elle m'entendait ? Non... L'air est moins oppressant. Il ne l'est plus. L'ombre est partie ? Elle n'est plus là. Une porte. Je l'ouvre. J'inspecte la nouvelle pièce. Il n'y a rien. C'est une chambre. Une chambre vide. Rien qu'une chambre. J'entre. Je ferme derrière moi. Doucement. Sans bruit. Si elle est là, elle ne doit pas entendre. Non. La porte a grincé. Merde. Elle a grincé. Comme le parquet. Bordel. Pourquoi tout grince. Elle a entendu ? Silence à nouveau. Je colle mon oreille à la porte. Elle a entendu ? Non. Je n'entends rien. Rien du tout. Elle n'est pas là ? Froide. La porte devient froide. Glace. Mon sang se glace. Non. Non. Elle était là. Elle m'a entendu. Quelque chose ? Un son ? Non. Un bruit. Un bruit infernal. Il se rapproche. Les murs tremblent. Tout tremble. Je tremble. Mon corps refuse de bouger. Tout s'arrête à nouveau. Plus un bruit. Plus rien...

 

« Je t'ai trouvé. »

 

   Noir. Elle a traversé la porte. L'espace d'un instant. Je m'éloigne subitement. Je glisse. Je tombe. Je suis par terre. Elle est entrée ! Non. Impossible. Non. Je suis seul. Elle n'est pas entrée. Mais... La porte. La poignée bouge. La fumée de nouveau. Autour de moi. Sombre. Au secours ! Quelqu'un ! Personne. Il n'y a personne. Juste moi. Ma voix. Ma voix ne sort pas. Aucun son ne sort de ma bouche. Mon regard brouillé sur la porte. Je la voix bouger. S'ouvrir. Pourtant je ne vois rien. Il n'y a rien. Rien à part moi, l'Ombre, le brouillard. Pourquoi ? Tout s'arrête. Tout. Absolument tout. C'est fini ? Non. Je la sens soudain. Dans mon corps. Douleur. Dans mes entrailles. Partout. Un cri. Mon cri. Le silence. Plus rien. Le néant. Je sombre.

 

 

L'Ombre

de Mat

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