B-Coffin

 Ce jour-là encore, les nuages couvraient le ciel, assombrissant la campagne, glaçant l'atmosphère. La pluie tombait encore et toujours et semblait ne jamais vouloir s'arrêter. Un oiseau noir était sous cette pluie battante, perché sur une de ces barrières de bois entourant les champs, sans bouger, telle une statue d'ébène. Seul, il attendait. Personne n'aurait su dire quoi, on savait juste qu'il était là, immobile depuis des lustres, indélogeable, ses grands yeux sombres désespérément tournés vers le ciel gris.

« Soleil, pourquoi te caches-tu derrière ces nuages qui n'ont de cesse de pleurer ? Je t'en prie montre-toi, j'aimerai tant te voir une fois encore. Chaque jour où mon corps glacé par le froid, s'endors, je manque d'effleurer la mort. Alors, avant que cela n'arrive, permet moi une toute dernière fois, de t'admirer. » Malgré ses supplications, il n'avait pour toute réponse que le son monotone de la pluie résonnant dans le silence de la campagne.

Ce matin-là, alors que régnait un brouillard froid, le corbeau somnolait. Son corps se balançait doucement au gré du vent, les yeux à demi clos... Il ne fallait pas qu'il s'endorme, mais la fatigue était si grande qu'il avait du mal à lutter pour rester éveiller. Il ne voulait le rater pour rien au monde, cet astre chaud qu'il rêvait tant d'admirer. Mais, son corps gelé, s'engourdissait peu à peu et, bientôt, sans avoir jamais revu le ciel ensoleillé qu'il avait autrefois connu, il s'endormit à jamais.